Très tôt, la tradition pieuse considère la cloche comme une personne. Ceci apparaît déjà dans la terminologie concernant sa morphologie : la « couronne » (ensemble des anses avec lequel on la suspend), le « cerveau » (partie haute de la cloche), la « robe » (qui va en s'évasant jusqu'au bord inférieur), etc. Chaque cloche porte un nom qui lui est conféré au cours d'une cérémonie religieuse : la « bénédiction des cloches ».
Bénédiction (ou parfois consécration) est le terme officiel utilisé dans le cérémonial et autres Sacramentaires, mais dans le langage courant on parle de « baptême » de cloches. Car la cérémonie concernant cet objet de culte (objet sacré, du moins pour les cloches d'église) ressemble à s'y méprendre avec le baptême d'une personne : présence d'un parrain et d'une marraine, nom de baptême, aube blanche revêtant la cloche, onction, eau bénite...
Le rite, qui existe depuis le Xe siècle a peu évolué depuis et continue à figurer dans les rituels contemporains. Les prières commencent par la lecture de psaumes , puis l'évêque (ou son représentant) se lève, bénit le sel et l'eau destinés à la cloche, supplie Dieu de les sanctifier afin qu'ils reçoivent un pouvoir purificateur ; il mélange ensuite les deux éléments en forme de croix ; il va prés de la cloche, qu'il lave avec le liquide ainsi bénit, tandis que les clercs continuent à laver l'intérieur et l'extérieur de la cloche.
Après la lecture de nouveaux psaumes, le Prélat fait à l'extérieur de la cloche le signe de croix avec le Saint-Chrême (ou huile des malades) et demande à Dieu « que les sons de la cloche invitent les fidèles à la conquête du Ciel, que sa mélodie fasse croître la foi des peuples qui l'entendent, qu'elle tempère la violence des vents et des orages... »
Ensuite, l'évêque place un encensoir sous la cloche pour que la fumée des parfums remplisse la cloche ; il la bénit une nouvelle fois puis fait sonner la cloche avec un maillet, invite le parrain et la marraine à faire de même ; le fondeur y est également convié. Dans l'assistance, on distribue alors des sachets de dragées... Il convient aussi de remarquer que l'acte de bénédiction était souvent enregistré sur le même registre paroissial que les actes de baptême des personnes.
Par contre, la bénédiction du métal en fusion au moment de la coulée, tradition qui se perpétue encore, ne fait pas l'objet d'un enregistrement particulier.
Il arrive qu'une cloche restaurée fasse l'objet d'une nouvelle bénédiction avant sa réinstallation dans le clocher.