Les techniques de sonnerie

Il existe deux manières de faire sonner les cloches de bronze : le tintement et la volée.

Le tintement

Enluminure'est la manière la plus simple de faire résonner une cloche. Suspendue par le cerveau à une poutre, elle demeure immobile ; le sonneur peut la frapper avec un maillet à la main (cas des carillons du Moyen Age ou de l'instrumentarium Kremski) ou avec un heurtoir à main (cas des carillons chinois).

Il peut aussi la frapper en tirant le battant par une corde attachée à son extrémité ; sur un ensemble de plusieurs cloches, il peut varier à l'infini la cadence et l'intensité des coups. Ce dernier type de sonnerie est la règle générale dans le culte chrétien orthodoxe. C'est aussi un mode de sonnerie que l'on peut rencontrer dans la vallée de la Vésubie, en Corse ou en Italie. Cloches tintées à la corde

Psautier français, XIIIe s.
(cliché Bodleian Library)


Souzdal (Russie), monastère
Saint-Sauveur-Saint-Euthyme


Le sonneur peut aussi utiliser un galet pour frapper les cloches qui l'entourent (tradition en usage dans quelques villages du Sud-Ouest de la France).

Xian (Chine), tour de la cloche (Zhong Lou) (cliché : A-M Sutter)                            Cloche chinoise heurtée

Carillon rustique
La cloche suspendue à un beffroi peut aussi être frappée par un heurtoir horizontal : c'est le mode de frappe le plus répandu dans les pays asiatiques.

Pour la plupart des cloches d'horloges et des cloches de carillon de concert, le tintement est obtenu par la frappe d'un marteau (interne ou externe) commandé par un mécanisme à partir d'un cylindre à taquet, d'un automate programmable ou d'un clavier manuel relié par des tringles.

La volée

La cloche est mobile : il s'agit d'un balancement régulier de la cloche autour d'un axe de rotation ; la cloche est équipée d'un battant suspendu à l'intérieur de la cloche et rendu mobile par un lien en cuir (la bélière). La masse de la cloche est équilibrée par un « mouton » (appelé aussi « joug ») ; selon la région et la place dans le clocher, la forme du mouton peut être droit (mode « lancé ») ou cintré (mode « rétrolancé »). Ce type d'installation influe sur la sonorité de la cloche.

La mise en branle de la cloche peut se faire de différentes façons : au pied, à l'aide d'un pédalier relié perpendiculairement au joug (cas du bourdon de la basilique Saint-Denis), par la traction d'une corde, celle-ci étant raccordé à un bras (principe des cloches de chapelle, des cloches de cour d'école...) ou, pour les plus grosses cloches, à une roue de sonnerie . Dans les ensembles mécanisés, la corde est remplacée par une chaîne reliée à un moteur qui donne des impulsions périodiques. Un nouveau dispositif sans chaîne se développe : l'usage de moteurs linéaires à impulsion électromagnétique.

Volée simple avec le ré4 de la basilique Saint-Sernin de Toulouse

La rotation de la cloche sur son axe peut être partielle (volée simple avec un balancement de 30° environ) ou totale (la cloche fait alors un tour complet, le battant venant frapper le bord quand la cloche est en position haute). Ce mode de sonnerie, dite en « piqué », est la règle en Angleterre (cela permet le « change ringing », type de sonnerie à permutation de sons qui n'existe que dans ce pays...).

Volée tournante lauragaise En Midi-Pyrénées, et en Espagne, de nombreux villages pratiquent encore la « volée tournante » : le sonneur est situé à proximité de la cloche et impulse à main nue la rotation complète de la cloche. Ce mode de sonnerie est utilisée généralement pour les événements festifs. A l'église de Lagarde-en-Lauragais, par exemple, les trois types de sonneries coexistent sur le même édifice : sonnerie de volée à la corde, volée tournante manuelle, carillon à clavier !

Volée tournante avec le ré4 de la basilique Saint-Sernin de Toulouse

Eglise de Seyre (31) (cliché A.-M. Sutter)

Mini logo La disparition des cloches anciennes