Un peu d'histoire...

La cloche est l'un des plus vieux instruments sonores que nous connaissions : elle est née probablement, quant à son principe, à l'époque où l'homme sut, par le feu, durcir l'argile et constituer ainsi un vase qui se révélera « sonore » en le percutant. Les premières cloches métalliques remontent à l'âge du bronze. On trouve des traces d'utilisation des cloches en Asie, il y a 4000 ans (Les Annales de la Chine rapportent que l'Empereur Hoang-ti fit fondre, vers l'an 2260 av. J.-C., douze cloches). Plusieurs clochettes de l'époque Shang (XVIIIe-XIe s. avant notre ère) sont exposées au Musée de l'histoire chinoise à Pékin.

Le grand prêtre Aaron portait, d'après la Bible, une tunique au bas de laquelle se balançaient des clochettes d'or. Plusieurs manuscrits représentent le roi David jouant du carillon en frappant quatre clochettes en signe d'allégresse. Des petites cloches de bronze datant de 1000 av. J.-C. environ ont été découvertes dans le palais babylonien de Nemrod (actuellement exposées au British Museum). Les antiques monuments de Phénicie et de l'Egypte ont fourni de nombreuses clochettes. Les Grecs et les Romains les employaient pour plusieurs usages.

En Gaule, la cloche paraît avoir succédé au simandre - instrument fait d'une planche de bois percutée - qui servait aux appels. A s'en tenir à notre territoire et aux témoins archéologiques, les fouilles ont exhumé un grand nombre de cloches d'époque gallo-romaine. Elles étaient fondues ou battues, c'est-à-dire en bronze ou en fer.

Selon les historiens, les cloches en bronze d'une certaine importance ont fait leur apparition en Occident dans les milieux monastiques. Divers documents du Ve siècle attestent l'activité de moines fondeurs de cloches. Mais c'est entre le VIIIe et le XIIe siècle que la forme et les procédés de fonte furent améliorés et qu'apparurent les premières grosses cloches (quelques centaines de kg). Bien que la fonte des cloches fût l'apanage presque exclusif des monastères pendant cette époque, il est question cependant, dès le VIIIe siècle, de fondeurs itinérants laïcs.

De nombreuses fouilles archéologiques ont permis, en effet, de retrouver les emplacements des premières coulées, au pied même des édifices auxquels étaient destinées les cloches : églises, monastères, cathédrales. Ces fondeurs de l'époque ou « saintiers » se déplaçaient pour effectuer le travail sur place et éviter le travail d'acheminement des cloches. De grandes voitures amenaient personnel et matériaux sur le lieu de la coulée. La construction du four à fusion et le moulage des profils pouvaient durer plusieurs mois, selon l'importance de la commande.

Clocher-mur de Fontans (48)
Clocher-mur de Fontans (48)

Au fur et à mesure que les techniques de fonte étaient perfectionnées, les fondeurs cherchèrent à satisfaire les demandes les plus ambitieuses de leurs clients, en particulier ceux qui avaient la charge d'équiper en cloches les grands édifices civils ou religieux. Le nombre et le poids des cloches est, en effet, plus ou moins en proportion avec la taille de l'édifice ou de son importance territoriale et il n'est pas étonnant - du moins en ce qui concerne la France - que les premières grosses cloches, appelées aussi bourdons, furent fondues pour prendre place dans nos cathédrales ou nos basiliques. Des cloches de 15 tonnes existaient en France dès le XVIe siècle (rappelons que la plus grosse cloche actuelle en France est la Savoyarde, à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, avec ses 19 tonnes). En dehors de l'aspect prestigieux du poids ou de la grosseur de l'objet, l'intérêt des grosses cloches réside dans la note grave que l'on peut obtenir et dans la portée du son.

Certains fondeurs coulaient occasionnellement des cloches en parallèle avec la fonte de canons... ou d'autres pièces de bronze, mais d'autres s'en sont fait une spécialité et ont transmis leur savoir-faire à leurs enfants ; ainsi constate-t-on l'existence de véritables « familles » telles les Farnier, les Drouot, les Cochois, les Bollée, etc.

Ce n'est que vers la fin du XVIIIe siècle que les saintiers cesseront progressivement d'itinérer pour installer leurs ateliers qui deviendront de véritables fonderies.

A noter que cinq entreprises spécialisées dans la fabrication des cloches subsistent encore en France : à Hérépian et à Magalas (Hérault), Saint-Jean-de-Braye (près d'Orléans), Sévrier (près d'Annecy), Villedieu-les-Poêles (Manche).

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