Le « message » transmis par la sonnerie d'une cloche ou d'un ensemble de cloches s'appuie sur trois composantes :
Les combinaisons possibles autorisent donc un nombre assez grand de « messages ». Mais pour qu'un son devienne « signe », il est nécessaire qu'émetteur et récepteur accordent la même signification au signe transmis. Cette signification est connue par la tradition.
On ne sonne pas les cloches d'église n'importe comment ni n'importe quand… ! Voix sonore qui accompagne les offices et les événements cultuels, l'ensemble campanaire obéit à un véritable « langage » qui permet à la communauté qui l'entend de distinguer l'ordinaire du festif, les moments heureux des moments tristes. Il faut donc réglementer ou codifier les sonneries. On parle d'ordonnance de sonnerie.
Dès le Moyen Âge, toutes les églises cathédrales, collégiales ou abbatiales, de même que la plupart des grandes églises paroissiales, étaient dotées d'ordonnances de sonnerie. A chaque type de fête correspondait un rituel d'annonce propre, en principe composé de trois sonneries distinctes (le plus souvent espacées entre elles d'un quart d'heure), chacune étant réalisée avec une ou plusieurs cloches déterminées. Ce code était généralement commun aux vêpres et aux messes chantées (ainsi qu'aux matines, pour les églises soumises à l'office canonial).
De même, une distinction était toujours opérée entre les différentes messes, une messe basse (c'est-à-dire une messe uniquement lue) n'étant pas annoncée de la même manière qu'une messe chantée ou qu'une messe solennelle.
On comprendra donc aisément qu'une ancienne ordonnance de sonnerie sera un outil de travail précieux mais devra toujours être confrontée à la liturgie en vigueur et aux usages actuels.
Le but essentiel d'une ordonnance de sonnerie est l'identification. En effet, elle permet aux fidèles de reconnaître facilement les différentes cérémonies qui se déroulent à l'église, tout comme les moments importants, tant de la journée que de l'année liturgique. Les cloches remplissent alors pleinement leur fonction de messagères.
Pour établir une ordonnance de sonnerie cohérente et qui tienne compte de la musicalité des cloches, il convient de faire appel à un campanologue ; celui-ci effectuera un travail de recherche préalable, consistant d'une part à collecter des renseignements sur les cloches, d'autre part à s'informer sur les anciennes traditions de sonnerie et les usages liturgiques du lieu.
A noter que la Société Française de Campanologie a édité en septembre 2012 un Guide pour l'élaboration d'une ordonnance de sonnerie de 24 pages qui présente quelques principes à respecter et donne des exemples d'ordonnance en fonction du nombre de cloches que contient le clocher (de 3 à 7 cloches de volée).
Code et Langage des sonneries de cloches en Occident, Eric Sutter, 2006 (document au format PDF, 160 ko)
La Sonnerie du tocsin : quelle histoire !, Eric Sutter, 2014 (document au format PDF, 1 Mo)